le lieutenant Pouilloux, désigne un objectif à son tireur FM.

 

·     Du 15 au 17 mars 1958, la bataille de l’Arb Estahia et de la cuvette du Rhédir.

 

·     Héliportées avec le jour, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Philippeville, dans le secteur de Saint-Charles, les compagnies du 2e R.E.P. recherchent une katiba.

·     Le colonel Chaigneau, patron du secteur de Saint-Charles, dirige l’opération qui met également en place des troupes de secteur. Il a sous ses ordres directs des tirailleurs sénégalais. Une katiba est en déplacement.

·     En début d’après-midi, les pisteurs sénégalais sont catégoriques : « Des hommes, en nombre important, ont franchi le Saf-Saf ; apparemment, ils marchent d’est en ouest vers la forêt et la crête de l’Arb Estahia ».

·     A 14 H 30, le Piper de l’A.L.A.T., dépêché en observateur, confirme des dires des pisteurs.

·     A 14 H 40, le colonel Chaigneau bascule sa manœuvre.

·     Les compagnies du 2e R.E.P. stoppent leur action et se regroupent en vue d’héliportage. Sticks à 7. Noir, la 3, est arrivée la première. Le capitaine Coiquaud place la section du lieutenant Gastaud en tête. Le chef de bataillon Masselot dans son Alouette repère une clairière comme D.Z. pour la 3. Les légionnaires de Gastaud et Novak avalent les distances. Les rafales claquent sur un air connu. Les éléments de pointe ont brutalement débusqué les premiers moudjahidine. Les P.M. se déchaînent. Les F.M., avancés au plus près, balayent les pentes. La colonne de la katiba a été surprise en plein mouvement.

·     La seconde rotation se présente. La 3 est au complet. Les nouveaux arrivants courent à la rescousse. Quelques rafales éclatent. En une douzaine de minutes, la queue de la katiba est détruite. Le capitaine Coiquaud rend compte : « Noir au complet. Une trentaine de gars au tapis. Trois F.M. récupérés. Deux prisonniers. Le restant de la bande a basculé dans la cuvette au nord. Pertes amies, néant ! Je tiens la crête pour interdire les fuites ». « Reçu, Noir. Bravo ! ».

·     A Sidi-Mesrich, le reste du 2e R.E.P. a rejoint l’aire, à l’exception de la C.P. en repos à Philippeville.

·     Le chef de bataillon Masselot cherche une nouvelle D.Z. pour la 2e avec les deux sections du lieutenant Pouilloux. A peine posé, le chef de bataillon Masselot, sa carte à la main, gicle de son Alouette et lui montre la cuvette du Rhédir sur le rebord de laquelle Pouilloux a été héliporté : « Vous êtes ici ! Les Fells sont là ! ». Pouilloux commence son mouvement pour tendre le filet. Ses éclaireurs avancent avec prudence. Des fourrés craquent. Le sergent Haufman, commandant le groupe de tête, alerte ses hommes. D’instinct les P.M. se braquent. Un coup de feu claque suivi d’autres. Dans un réflexe, la riposte oppose une barrière de feu. La réaction rejette dans les fonds le groupe ennemi.

·     Schneider, sergent photographe, fixe la scène. Haufman vide son chargement.  Le tireur au F.M., l’arme à la hanche, ajuste de longues rafales. La nuit tombe vite.

·     L’adversaire est bloqué dans la cuvette. Au sud, la 3 occupe la crête de l’Arb Estahia ; la 4 et la C.A. sont à l’est. La 1ère est en embuscade au nord, aux abords de la route.

·     Dans le ciel, la ronde des Dakota Luciole débute. Des rafales se prolongent. Dans la nuit fraîche, luciole, rafales, obscurité. Les légionnaires aux aguets perçoivent mieux ce qu’ils pressentent. Des silhouettes, qui se faufilent vers eux, sont surprises par la clarté. L’adversaire est démasqué en se mettant à couvert. Fractionnés, les rescapés de la katiba tâtent pour trouver une issue. Partout, ils rencontrent porte close.

·     Le nettoyage se poursuit jusqu’au lendemain. La katiba est définitivement décimée.

·     Le bilan est de 48 H.L.L. tués et 33 armes récupérées dont 4 armes collectives. Pour une fois, fait assez exceptionnel, un bouclage de nuit s’est révélé hermétique.

 

Jean Balazuc P.P.P.P.

Chaigneau, colonel patron du secteur de Saint-Charles dans le Constantinois en 1958 ; dans un cabinet ministériel à Paris en 1960.

 

Coiquaud Pierre, l’Alpin, lieutenant légionnaire parachutiste, adjoint au commandant de la 3e compagnie du 2e R.E.P. au 01.12.1955 ; capitaine, commandant de la 3e compagnie du 2e R.E.P. de septembre 1956 à août 1958 ; sa compagnie accroche une bande de jeunes recrues du F.L.N., sur la table du Fedjouj, et monte à l’assaut le 09.12.1957 ; sur l’Arb Estahia le 15.03.1958 ; sur les Béni-Sbihi en avril 1958 ; élève du premier stage à l’Ecole Jeanne d’Arc à Philippeville en 1958 puis instructeur ; instructeur du stage des officiers parachutistes à l’E.T.A.P. à Pau en 1959-1960 ; capitaine au 1er R.E.P., membre de l’état-major, sans illusions, il marche avec son régiment : ‘’Camaraderie et honneur obligent’’ ; acteur du putsch, il se rend le 25.04.1961 ; devant le tribunal militaire le 08.07.1961 ; condamné à un an de prison avec sursis ;  officier de la Légion d’Honneur depuis 1958 ; croix de guerre T.O.E. et croix de la V.M. avec 7 citations dont 4 palmes ; membre du Club des C.S.P.F. Commandeur de la Légion d’Honneur en juin 2004.

 

 

Haufman, sergent légionnaire parachutiste, chef d’un groupe de voltigeurs à la 2e compagnie du 2e R.E.P. en Algérie ; sur le djebel Arb Estahia le 15.03.1958.

 

Masselot Georges Fernand Henri, né le 23.04.1911 à Maktar en Tunisie ; Pied-Noir d’une famille de Bougie en Kabylie ; après une formation à La Flèche, il entre à l’E.S.M. de Saint-Cyr en 1930, promotion Maréchal Joffre ; sous-lieutenant le 01.10.1932, il est affecté au 25e R.T.A. ; lieutenant le 01.10.1934 ; il rejoint la Légion Etrangère au 1er R.E.I. à Géryville ; avec son bataillon, il part sur Homs en Syrie puis sur Baalbeck au Liban pour pacifier le pays troublé par la révolte des Druzes. Après 30 mois de séjour en Orient, il revient en Métropole ; Il redemande sa mutation à la Légion Etrangère. Le 01.01.1940, il est affecté au dépôt de La Valbonne et le 01.03.1940 il est affecté au 12e R.E.I. Il part avec le 12e R.E.I. sur l’Aisne en mai 1940 ; grièvement blessé à Nanteuil sur la Marne le 13.06.1940. Refusant la défaite, il rejoint l’A.F.N. ; de retour à Sidi-Bel-Abbès, il est affecté au 1er R.E.I. Affecté ensuite au  4e R.E.I. qui devient la 4e D.B.L.E., il part pour le Sénégal ; il revient sur le Maroc en mars 1943 puis repart pour la campagne de Tunisie ; un roc ; blessé par éclats d’obus à Dépienne le 13.05.1943 ; campagne de France et d’Allemagne avec le R.M.L.E. de la 5e D.B. ; commandant la 9e compagnie du III/R.M.L.E. qui s’illustre à Jebsheim en janvier 1945 ;lLe 01.07.1945, le R.M.L.E. devient le 3e R.E.I. qui rejoint le Maroc le 02.01.1946. Le 3e R.E.I. est désigné en renfort pour l’Extrême-Orient  et il débarque à Saïgon le 26.03.1946 : le lieutenant Masselot est Indochine affecté à la 65e C.R.A.L.E. ; deux années d’accrochages avec le Viêtminh ; rapatrié en fin de séjour colonial, il est affecté en novembre 1948 à la 7e compagnie du II/1er R.E. ; B.P. en 1948 ; lors de son second séjour, capitaine, il est chef d’état-major du 5e R.E.I. le 11.07.1951 puis, en janvier 1952, il est nommé commandant du I/5e R.E.I., le régiment du Tonkin ; agressif dans l’attaque, opiniâtre dans la défensive, il a fait de son bataillon l’un des plus beaux du corps expéditionnaire ; ancien d’Hoa-Binh, il est le héros de la première phase de repli d’Hoa Binh le 22.02.1952 ; chef de bataillon le 01.04.1953 ; rapatrié en fin de séjour en juillet 1953, il est affecté en second au 3e B.E.P. à Sétif le 18.11.1953 ; Chef de corps du 3e B.E.P. le 17.04.1954 ; Chef de corps du nouveau 2e B.E.P. reconstitué en intégrant le 3e B.E.P. et la base arrière du 2e B.E.P. le 1er juin 1954 ; arrivé d’Indochine en Algérie, second du 2e R.E.P. créé le 01.12.1955 sous les ordres du lieutenant-colonel de Vismes ; blessé le 04.11.1956 sur le djebel El Mezeraa ; commandant le 2e R.E.P. par intérim de février à avril 1958 ; une 3e blessure dans l’oued Hallaïl ; en juin 1958, n’acceptant pas la nomination du colonel Lefort à la tête du 2e R.E.P., il doit quitter une unité où il servait depuis un peu plus de quatre ans : la Légion est sa vie mais les vingt années de Légion se terminent pour lui ; il a tout sacrifié pour demeurer en ses rangs et se battre ; après un commandement brillant comme adjoint opérationnel dans le secteur de Djelfa, lieutenant-colonel le 01.10.1959, il est nommé le 02.02.1960 commandant du 18e R.C.P., régiment d’appelés ; il hésite à Alger en décembre 1960 à franchir le pas ; son régiment intervient avec fermeté face aux émeutiers du F.L.N. en décembre 1960 à Alger ; il engage son régiment dans le putsch d’avril 1961 ; il a servi durant 25 ans dont 22 en période de guerre ; le 18e R.C.P. est dissous ; condamné à huit ans de détention criminelle le 28.06.1961 par le Haut Tribunal Militaire le 28.06.1961, il est rayé des cadres ; il est détenu à Tulle ; libéré le 14.07.1965, amnistié partiellement en 1966 puis totalement en 1974, il retrouve son grade et ses prérogatives le 27.05.1974 ; il est mis à la retraite ; avec 15 citations dont 10 fois à l’ordre de l’armée, sur ses trois Croix de Guerre, 3 fois blessé, commandeur de la Légion d’Honneur ; un des pionniers de l’U.N.P. ; membre du Comité d’Honneur de l’U.N.P. ; décédé le 01.06.2002 dans le S-O ; un seigneur s’en est allé.

 

Novak, sous-officier légionnaire parachutiste, adjoint du lieutenant Luciani au 1er B.E.P. ; blessé le 12.01.1954 ; chef de section d’une compagnie du Bataillon de marche étranger parachutiste à Diên-Biên-Phu ; rescapé des combats sur Dominique 3 dans la nuit du 02 au 03.05.1954 ; chef de section à la 2e compagnie du 2e R.E.P. en Algérie ; sur le djebel Arb Estahia le 15.03.1958

 

Pouilloux Claude, saint-cyrien de la promotion Maréchal de Lattre 1951-1953 ; lieutenant légionnaire parachutiste, chef de section de la 2e compagnie du 2e R.E.P. dès sa création, le 01.12.1955 ; il s’illustre sur le djebel El Abiod le 01.04.1957, sur l’Arb Estahia en mars 1958, ; capitaine parachutiste, commandant de la 2e compagnie du 2e R.E.P. d’août à décembre 1960 ; sérieusement blessé sur le Chélia le 02.12.1960 : fracture du tibia ; lors du putsch, avec une jambe dans le plâtre, il s’efforce de rejoindre le régiment dans sa voiture personnelle ; il ne peut pas être sanctionné ; rallié à l’O.A.S. ; au maquis de l’Ouarsenis le 28.03.1962 ; arrêté le 01.04.1962 ; jugé et condamné à quatre ans de prison.

 

Schneider, sergent légionnaire parachutiste, photographe avec la 2e compagnie du 2e R.E.P. sur le djebel Arb Estahia le 15.03.1958.

 

Sources principales :

La Guerre d’Algérie du capitaine Pierre Montagnon.

Les parachutistes de la Légion 1948-1962 du capitaine Pierre Montagnon.

La Guerre d’Algérie d’Yves Courrière.

La Légion Etrangère, Grandeur et Servitude N° HS d’Historama en 1967.

Mémoire et vérité des combattants d’A.F.N. du C.D.C.-A.F.N.

France Horizon, journal de l’ANFANOMA.

Histoire des Parachutistes français de Paul Gaujat.