N'est-il point vrai d'affirmer que communiquer n'est pas chose facile. Ainsi, des évènements très importants touchant directement l'actualité de notre communauté légionnaire passe sous silence par faute d'information... Quand cette dernière nous parvient; alors maladroitement, sans réelle excuse, telle une bouée de sauvetage, nous essayons, avec retard, de mettre sous les projecteurs de la renommée l'information; c'est le cas pour l'élévation à la dignité de Grand Croix de la Légion d'honneur pour le colonel (er) Jean Luciani, décoration remise le 27 juin 2018 à la grande chancellerie de la Légion d'honneur.

 

 

Le colonel Jean Luciani, 92 ans, figure légendaire des parachutistes de la Légion étrangère et de la bataille de Dien Bien Phu, terme de la guerre d’Indochine, a été élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d’honneur lors de la promotion parue au Journal officiel du samedi 28 avril 2018. Grand Officier de la Légion d’Honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, dix fois cités au feu, quatre fois blessés à Dien Bien Phu, il est le secrétaire général de l’Association Nationale des Anciens Prisonniers d’Indochine (ANAPI). Un livre d’entretiens avec le général Philippe de Maleissye sur ses combats en Indochine chez Indo-Editions sous le titre Qui es-tu ? Ou vas-tu ? résume une partie de carrière exemplaire. Il a également concouru à l’album Force et Honneur paru en 2010 chez Les Amis du livre européen. 

Né à Lyon en 1926, fils unique d’une famille corse dont le père avait été sous-officier dans l’Artillerie coloniale en Indochine mais aussi pendant la Grande Guerre, comme beaucoup d’enfants nés après la tragédie de 1914-1918, Jean Luciani a été élevé dans le culte des Poilus, le souvenir et la souffrance des héros des tranchées. La défaite de 1940 et l’entrée des troupes allemandes dans Lyon le marquent profondément. En 1944, il n’a même pas dix-huit ans lorsqu’il rejoint un maquis dans l’Ain dirigé par un officier dont le fils est un copain de lycée. Ne pouvant intégrer du fait de son jeune âge la 1re Division Française Libre, il est incorporé pour la durée de la guerre au sein du Bataillon du Rhône qui est bientôt versé au sein de la 27e Division d’Infanterie Alpine afin de participer dans les monts proches de Modane, à la neutralisation des dernières troupes allemandes.

La guerre terminée, il prépare le concours pour entrer à Coetquidan qu’il intègre en mars 1946. Il participe à la guerre d’Indochine et s’y distingue. Le jeune capitaine blessé connaît la détention au tristement célèbre du camp n°1 du Viet-Minh.

« Je suis libéré en septembre 1954. Nous avons tous perdus au moins 15-20 kilos, nous ne sommes pas très beaux à voir. Certains gars ressemblent à de véritables squelettes ambulants. Certains ont eu droit au lavage de cerveau, aux séances d’autocritiques sous peine de privation de nourriture. On les a obligés à s’inventer tous les crimes possibles avec en permanence le chantage à la libération anticipée. Personne n’est revenu intact de cet enfer. Et personne ne peut comprendre, même lorsque nous le racontons, ce que nous avons vécu. Néanmoins, nous sommes revenus encore plus armés pour affronter les épreuves de la vie ».

Après l’Indochine, Jean Luciani a participé à la guerre d’Algérie.

Toute la communauté des anciens de la Légion étrangère est honoré par cette distinction qui touche un des leurs au passé prestigieux.