Je suis très attiré à comprendre les évènements et les témoignages d’émotions de ces longs drames que représentent les deux conflits mondiaux. Il me semble intéressant, en parlant de la Grande Guerre d’expliquer aux jeunes générations quelle a été l’énergie de dévouement de leurs aînés, obscurément tombés en remplissant leur devoir. Mais avant tout il est indispensable d’apprendre comment cela a commencé et il faut remonter aux origines de l’Empire allemand.

 

Précisément au XVème siècle, lorsque les « chevaliers de l’ordre teutonique », ordre religieux et militaire, fondé pour la protection des pélerins chrétiens en terre sainte, furent obligés de quitter le Levant. Ils acquirent de grandes richesses pour mieux résister aux seigneurs polonais leurs suzerins. 1925, de cette époque date la création de l’état prussien qui ne cessa du 17ème jusqu’au 19ème siècle de réaliser des conquêtes importantes en Allemagne et en Pologne.

1866 : La Prusse fit la guerre à l’Autriche, la vainquit, l’expulse de la confédération germanique et reste seule puissance dirigeante de l’Allemagne transformée.

Pour reconstituer une entente entre eux, il fallait les regrouper dans un intérêt commun contre un même ennemi : la Prusse leur dit que la France était l’ennemi héréditaire qui faisait obstacle à la réalisation de l’unité allemande.

Tels furent la cause réelle et le but de la guerre de 1870 dont le résultat fut de former l’Empire allemand avec le roi de Prusse comme empereur héréditaire et la conquête commune de tous les états de l’Empire (Alsace et une partie de la Lorraine) avait pour conséquence de maintenir l’annexion.

La victoire de guerre 1870-71, éleva la Prusse au-dessus de toutes les nations de l’Allemagne.

L’Allemagne tout entière fut alors entraînée dans une sorte de vertige : « l’Allemagne au-dessus de tout ». Le kaiser Wilhem II se disait investi d’une mission divine; précisant que le peuple allemand, élu de Dieu, était appelé à dominer le monde et à lui imposer sa « culture ».

Déjà se disait : « Les races faibles sont condamnées à disparaître ou à être absorbées par les races les plus fortes. La force appartient à qui sait la prendre et la conserver. La guerre est la loi de l’Univers. Un traité n’est qu’une convention passagère; le plus fort n’est engagé que temporairement. Il déchire les traités dès qu’il y trouve son intérêt. Le respect des traités n’a d’autre sanction que la force. Le droit et la justice règlent les rapports entre les individus. La force seule règle les rapports entre les Etats. »

Ainsi la politique de l’Empire allemand se transforme au principe directeur posé par le prince de Bismarck : « l’intérêt crée le droit; la force prime le droit. »

Où les choses compliquées sont dites simplement…

Situation des grands états de l’Europe en 1914 :

L’Angleterre se complait dans son isolement attardée par le souvenir de ses rivalités avec la France et ne se préoccupe guère des « orages et des tonnerres lointains ».

La Russie représentée par le gouvernement absolu des Tsars se montrait disponible à s’unir à la France, une alliance défensive avait été conclue avec la Russie.

L’Italie devait elle, être l’alliée naturelle de la France mais était également liée à l’Autriche par une alliance « contre nature » qui était en opposition avec ses aspirations de récupérer le Trentin et l’Istrie détenues par l’Autriche.

L’Autriche, ancienne rivale de la Prusse, était contrainte d’accepter une sorte de vassalité à l’Empire allemand.

Ainsi donc se présentaient les ambitions de l’Allemagne !

-        Elle se proposait de réduire la France à l’impuissance, puis elle enlèverait à l’Angleterre la maîtrise des mers.

-        La Russie deviendrait la terre d’exploitation offerte à l’activité industrielle et commerciale de l’Allemagne.

-        Les états secondaires seraient fatalement entraînés dans son orbite et soumis à ses volontés.

-        Des Etats-Unis d’Amérique, elle ne redouterait pas une ingérence dans les affaires de l’Europe.

Après la défaite de 1871, la France s’était redressée avec une certaine « élasticité », elle avait payé une sorte d’indemnité de guerre… Elle frémissait aux insolence souvent renouvelées de l’Allemagne et ne réagissait absolument pas à l’humiliation du traité de Francfort qui lui avait enlevé l’Alsace et une partie de la Lorraine. Elle s’attendait à la guerre ! Mais… ne s’y préparait que mollement qui se caractérisa par l’expression : « On n’était pas prêt ! ». En Allemagne, toutes les forces matérielles et morales étaient tendues vers la guerre !

Déclaration de guerre !

En 1911, un navire de guerre allemand fut envoyé à Agadir sur les côtes marocaines pour : « protéger les allemands que personne ne menaçait. » C’était une provocation, la France se contenta d’explications qui fit dire au Kaiser : « qu’elle n’avait pas osé relever le gant ! ».

Enfin l’occasion cherchée se présenta :

Le 28 juin 1914, l’archiduc François-Joseph, héritier de la couronne d’Autriche et sa femme, sont assassinés à Sarajevo. Aussitôt, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. Liée par son traité d’alliance, la France soutiendrait la Russie; alors l’Allemagne lui déclare aussi la guerre !

Dès lors les événements se précipitent… La plupart des Etats de l’Europe et du monde furent successivement entraînés dans cette « première guerre mondiale » qui commençait.

Le kaiser « Wilhem II, dans les instructions données en 1914 à ses armées donnait au début de la guerre ses directives à ses armées: « Il faut faire une guerre atroce. Il ne peut plus être question d’humanité, ni de sentiment. Brûler, ravager, détruire et ruiner de fond en comble, massacrer impitoyablement, semer la terreur et l’épouvante, tel est le mot d’ordre qui permettra d’obtenir le résultat maximum dans le minimum de temps. La France doit être réduite en esclavage politique et économique. »

On est stupéfait que de pareilles pensées aient pu éclore dans un cerveau non déséquilibré et qu’elles aient pu inspirer des ordres donnés à des chefs militaires d’une nation dite « civilisée ».

Le taité de paix de l’armistice de 1918 ne pouvait être un pacte de réconciliation. Il ne fut qu’une convention locale de cessation des hostilités. Les alliances des nations de l’Entente ne peuvent survivre aux causes qui les ont amenés. Chacune d’elle reprendra naturellement la poursuite de ses intérêts particuliers.

On ne saurait oublier ce principe directeur de la politique allemande,  enseigné dans ses écoles : « Un traité n’est qu’une convention passagère; le plus fort n’est engagé que temporairement. Il déchire les traités dès qu’il y trouve son intérêt. Le respect des traités n’a d’autre sanction que la force. 1939, tout recommençait avec encore plus d’escalade dans la violence.

CM