La Mascotte de la 13

Affecté comme OSA à la 13ème DBLE de 2004 à 2006, l'OSA avait entre autres missions, la gestion avec le chef du service général du « parc animalier » du quartier Monclar qui se trouvait à l'entrée dans le secteur du service générale.

 Ce parc hébergeait des gazelles, biches, hyènes, porc épiques, un guépard et des oiseaux,  de quoi faire le bonheur des enfants des militaires français affectés sur le territoire de Djibouti. On voyait toutes les fins d'après-midi (à la fraîche) les familles déambuler et les cris de joie des minots résonnaient agréablement dans le cantonnement des képis blanc.

Parmi tous les animaux, la vedette qui attirait le plus l’attention était le préféré était le guépard "MEGANE" qui recevait tous les matins à l'intérieur de son enclos la visite de l'OSA pour faire ensemble quelques passes avec un ballon de foot.

Souvenirs...souvenirs

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« L’apprivoisement est, selon la formule, un procédé par lequel l’humain habitue un animal sauvage à son contact ». Voilà pour le décor, la différence est essentielle entre apprivoisement et domestication, l’homme capture l’animal apprivoisé à l’état sauvage, mais, s’il peut le toucher, le caresser, le transporter, il ne contrôle pas sa reproduction, ni son alimentation ni son agressivité…

« Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé » : Antoine de Saint Exupéry « Le Petit Prince ».

Ainsi l’occasion se présente de mettre en ligne 2 articles adressés par des anciens de la Légion qui nous offrent, après Gertrude de « Holl Holl » à Djibouti, récemment mis sur le site ; un vrai régal qui nous remettent en mémoire des anecdotes que tout légionnaire garde au fond de sa mémoire parmi ses meilleurs souvenirs

A votre appréciation ce texte adressé par le colonel (er) Jean-Claude BERTOUT:

Raslebol est un vieux chien, mascotte de la compagnie, témoin de la vie de l’unité depuis plus d’une douzaine d’années.

Vers 1968-69, au cours d’une marche « képi blanc », épreuve qui sanctionne le premier mois d’instruction et donne droit au port de la prestigieuse coiffure, Raslebol, petit chiot de race indéterminée, a été trouvé sur une piste du GR 20 au sud de la Corse et ramené à la caserne Montlaur de Bonifacio par une section de jeunes engagés volontaires.

Il se trouve d’ailleurs qu’un de mes chefs de section, l’adjudant Marini d’origine italienne, appartenait aux jeunes légionnaires qui ont adopté le petit animal. Depuis, le chien a accompagné la 1re compagnie dans toutes ses pérégrinations de Bonifacio à Corte, de Puyloubier à Castelnaudary. Il n’a jamais raté une marche « képi blanc ».

Raslebol est donc le cadre permanent de l’unité, respecté comme un « ancien » et personne n’aurait l’audace de lui faire du tort sous peine de représailles immédiates de la part de tous.

Instructeur d’encadrement chevronné, sa carrière a subi les aléas de ses manquements à la discipline : absences pour amours illicites, oublis humides ou odorants dans les locaux, aboiements intempestifs etc. Il a ainsi plusieurs fois gagné distinctions et galons (1re classe, caporal, caporal-chef) mais son comportement lui a souvent valu des séjours aux arrêts, voire des corvées lavages, perte des galons en jargon légionnaire.

Aujourd’hui, caporal-chef par protection, vieux et usé, il prend toujours le départ des marches mais sa condition physique ne lui permettant plus de suivre, les légionnaires se relaient pour le porter durant tout le déplacement tant il est vrai que « chaque légionnaire est ton frère d’armes, quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa religion. Tu lui apportes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d’une même famille » (Code d’honneur de la Légion).

Le vétérinaire ne peut rien faire et je dois me résigner à faire abréger les souffrances de l’animal. La compagnie traumatisée m’en voudra quelque peu avant d’accepter l’inéluctable.

L’histoire ne s’arrête pas là… A cette époque, il n’existait que deux compagnies d’engagés volontaires, la moitié de la Légion étrangère avait donc côtoyé Raslebol pendant la période de formation initiale… Et l’autre moitié nous l’enviait selon la formule consacrée. Il fallait donc rendre un digne hommage à ce « grand ancien ».

La Légion ne pleure pas ses morts, elle les honore !

A leur demande, avec circonspection, j’autorise donc les caporaux à organiser les « honneurs funèbres » pour leur compagnon à quatre pattes, demandant à mon adjoint de veiller au grain.

Les préparatifs sont rapides : une caisse de LRAC devant le bureau de semaine sert de cercueil, une bougie plantée à chaque coin, une « télévision » au sommet (caisse de vitamines K emballée très proprement d’une serviette blanche, entourée au centre d’une ceinture bleue, surmontée des épaulettes vertes et rouges, et coiffée d’un képi blancElément de décor devenu règlementaire des armoires métalliques). La dépouille de Raslebol repose sur le côté, son képi noir, son galon de caporal-chef, l’insigne régimentaire et celui de la compagnie sur un béret vert, au pied.

Pour faire bonne mesure, deux légionnaires en tenue de parade forment la garde d’honneur avec relève durant toute la nuit…

Au matin, il s’agit d’inhumer la pauvre bête, car il n’est pas question d’une incinération ou d’un dépôt anonyme dans une quelconque décharge. Raslebol doit rester au milieu des siens. Une fosse est donc creusée (discrètement) dans une maigre platebande juste devant la compagnie, derrière l’emplacement de ma jeep.

Et gare désormais à l’inconscient ou à l’innocent qui oubliera que « ci-gît Raslebol, mascotte de la 1re compagnie ».

Les récits concernant les légionnaires et leurs animaux jalonnent toute l’histoire de la Légion. Celui-ci peut toucher, faire sourire, voire agacer… Pour moi, il reste l’illustration vécue que le légionnaire, soldat professionnel pur et dur, à la réputation souvent décriée, tire de sa force sereine générosité et bonté qui s’expriment, avec pudeur ou excès, dans la protection ou l’amour qu’il sait toujours manifester au profit des faibles, des enfants et, bien sûr, des animaux.