Décès de l’adjudant-chef (er) Ernest Frouart le 18 juillet 2021.

Un des « maréchal de la Légion » vient de nous quitter à l’âge de 94 ans.

Engagé en 1946, à l’âge de 19 ans, il participe à la campagne d’Indochine avec le 3ème REI puis sert au Cambodge. Caporal en 1948, sergent en 1950, il est volontaire pour le 3ème BEP puis le 2ème BEP au sein duquel il fait deux séjours en Indochine.

Titulaire de nombreuses décorations prestigieuses : 1 citation, Croix de guerre des TOE, 1 blessure, deuxième citation, puis une troisième avec la médaille militaire pour reconnaissance. Sergent/chef en 1952, deux fois cité, il fait un troisième séjour en Indochine avant de se retrouver en AFN en 1955. C’est alors pour lui la Campagne d’Algérie avec le 2ème REP. Adjudant en 1956, une nouvelle citation et l’attribition de la Légion d’honneur lui est accordée, marque de la reconnaissance de la Nation pour un soldat exceptionnel.

Enfin en 1959, L’adjudant/chef Frouart  rejoint le 1er RE et prend sa retraite en 1964.

Officier de la Légion d'honneur, médaillé militaire, blessé totalisant huit citations dont deux à l'ordre de l'Armée; il est autorisé à porter, à titre individuellement, la fourragère aux couleurs de la médaille militaire.

Il a été accompagnateur du général Marcel Letestu qui porta la main du capitaine Jean Danjou lors des cérémonies de Camerone en 1998.

L'adjudant-chef Frouart était Commandeur de la Légion d'honneur.

Ses obsèques se dérouleront le Vendredi 23 Juillet  2021 à 15 heures en l'église Saint Gervais à Ponteves – 83670 – Var.

 

 

 

 

 

 

 

 

Obsèques:

Obséques de l’Ex Adjudant-Chef Ernest FROUART.

Vendredi 23 juillet 2021, l’Amicale de Puyloubier, du Pays d’Aix et de la Sainte Baume, qui avait l’honneur d’avoir comme membre l’ex Adjudant-Chef Ernest FROUART, se devait d’être présente aux obsèques de ce grand ancien. Cet ainsi, que le Major(er) Pierre JORAND covoitura le Président et notre porte drapeau Etienne LOVAS jusqu’au pittoresque village de Pontéves. Le Major JORAND étant lui-même représentant de l’Amicale des Légionnaires Parachutistes et porteur du Drapeau de la Légion d’Honneur de Saint Maximin.

Les obsèques de « Nénesse » ont été à la hauteur du personnage. Honneurs rendus par un piquet d’honneur du 1er Etranger, en présence du Lt-Colonel Arnaud de PERETTI Chef de corps, éloge funèbre par le Général (2S) Rémi GAUSSERES Président de la FSALE après celui du Maire Mr Frank PANIZZI. On notait aussi la présence du Général d’Armée (2S) Michel GUIGNON Grand ’Croix de la Légion d’Honneur et membre également de notre Amicale.

Dans l’église bondée, l’émotion était grande car au-delà du guerrier c’est aussi l’homme unanimement respectée pour sa droiture, sa parole toujours juste et le père aimant que  chacun a voulu honoré. Merci mon Adjudant-Chef pour cette leçon de vie.

Jean-Claude Pierron, président Amicale de Puyloubier.

 

Eloge funèbre prononcée par le général (2s) Rémy Gausserès:

[Adjudant-chef Ernest FROUART (1927-2021)]

"Quelle vie ! Quelle vie d’aventure ! Quelle vie de baroud et ses âcres parfums !

Quel parcours que celui de notre frère d’armes, l’A/C Ernest FROUART, « maréchal de la Légion » qui suivit la route de gloire et de sang des légionnaires de 1947 à 1964 !

L’A/C Ernest FROUART est né le 24 septembre 1927 à Flesselles dans la Somme, fier d’être Picard.

Dès janvier 1947, il rejoint le dépôt commun des régiments étrangers de Sidi-bel-Abbès.

A l’issue de son instruction de base, il est désigné pour l’Indochine.

C’est là que son passé de « Maréchal-ferrant » et de « serrurier » va le rattraper.

Il est affecté à la 65ème CRR (compagnie de réparation régimentaire) à Gia Dinh.

Il fait mouvement sur le Cambodge avec son unité qui entre-temps est devenue la 65ème CRALE, sous les ordres du capitaine MASSELOT, futur chef de corps du 2ème BEP !

Le 30 avril 1948, il est nommé caporal puis sergent le 1er janvier 1949 à Haïphong.

Son premier séjour touche à sa fin.

Au 3ème REI, le capitaine MORIN met sur pied une compagnie de parachutistes, laquelle forme la première unité constituée des futurs BEP. Le sergent FROUART se porte volontaire et au terme de nombreuses démarches et insistances, il voit ses efforts récompensés.

C’est ainsi qu’en mars 1950, il est affecté au 3ème BEP à Sétif. Il est désigné pour un deuxième séjour en Extrême-Orient et débarque à Saïgon le 11 juin 1950. Son passé de spécialiste le suit encore puisqu’il rejoint la section de commandement de la 2ème compagnie du 2ème BEP, compagnie du lieutenant CABIRO, l’une des figures les plus marquantes des paras de la Légion.

Le 22 mai 1951, celui que ses chefs et camarades ne surnommeront plus que « Nénesse », entre dans le vif du sujet à Dong Mai où son unité est accrochée. Il fait procéder sans casse au repli de deux groupes de sa section sous un feu intense d’armes automatiques. Il est alors cité à l’ordre de la brigade, cette citation comportant l’attribution de la croix de guerre des TOE.

Le 4 octobre 1951 à Nghialo, chef de section avec le grade de sergent, il lance ses hommes à l’assaut du col de Nam Thuoi, infligeant de sévères pertes aux viets minh malgré une blessure à la jambe. Durant 48 heures, il participe au brancardage des camarades les plus sévèrement touchés. Il est alors cité à l’ordre du corps d’armée.

Le 24 décembre 1951, la compagnie est engagée dans le secteur de la Rivière Noire près de Hoa Binh. Pris sous le feu d’un élément important, il se porte en avant pour récupérer le corps sans vie de son chef de section, le lieutenant BEAUREL.

« Nénesse » doit alors faire face à une vague hurlante de viets minh et doit une bonne partie de son salut à l’intervention musclée du sergent BETHERY, autre figure du 2ème BEP. Une amitié indéfectible va naître entre ces deux  sous-officiers exceptionnels, « Nénesse » et « Bébert ». Le sergent FROUART est cité une nouvelle fois et reçoit la Médaille militaire.

En mars 1952, il est promu sergent-chef. Trois mois plus tard, le 3 mai il est à nouveau cité pour conduite exceptionnelle au feu. Le 11 mai, une autre citation à l’ordre de l’armée récompense son action lors de la destruction d’une position à Dong Dang au Laos. C’est lors de cette opération qu’est tué le capitaine HAMACEK commandant la 4ème compagnie. Malgré un feu intense d’armes automatiques, le sergent-chef FROUART parvient à ramener le corps du capitaine, soldat intrépide et valeureux commandant de compagnie.

Puis en octobre et novembre 1952, il est au camp retranché de Nasan en pays thaï et plus tard il dira : « Quelle bagarre, les viets étaient à 20 mètres ».

Le second séjour en Indochine s’achève après deux prolongations de six mois.

Le 7 juillet 1953, « Nénesse » regagne l’Algérie et le 3ème BEP .

Ces quelques mois de répit sont mis à profit pour passer brillamment  le brevet d’armes.

Il rengage pour l’Indochine : embarqué sur un bateau trop lent, il est à Singapour le 7 mai 1954 lors de la chute de Dien Bien Phu. Son troisième séjour se termine en octobre 1955.

Le 1er décembre 1955, le 2ème BEP devient le 2ème REP et le sergent-chef FROUART est affecté à la compagnie portée.

Nommé Adjudant le 1er avril 1956, il se voit confier la section de commandement.

La croix de chevalier de la Légion d’honneur vient récompenser près de dix années de combat et un comportement sans faille.

Le 31 décembre 1956, au djebel Kifène, alors que l’adjudant BETHERY est grièvement blessé par une balle en plein ventre, « Nénesse » vole au secours de son ami BETHERY qui, cinq ans auparavant, lui a sauvé la vie sue le mont Bavi. L’adjudant FROUART est cité à l’ordre de la brigade.

De janvier à juillet 1958, il devient le porte-fanion du général de division OLIE, commandant le corps d’armée de Constantine, avant de regagner le 2éme REP où il reste jusqu’en décembre 1959 : il est alors adjudant-chef, promu à titre exceptionnel depuis le mois de janvier 1959.

L’adjudant-chef FROUART quitte le régiment de légionnaires parachutistes dont il est l’un des sous-officiers les plus décorés. Il rejoint le 1er RE à Sidi bel-Abbès.

Il prend sa retraite en décembre 1964, et il entame une carrière d’agent forestier.

Commandeur de la Légion d’honneur, médaillé militaire, blessé et totalisant huit citations dont deux à l’ordre de l’armée, l’adjudant-chef FROUART a droit au port, à titre individuel, de la fourragère aux couleurs de la médaille militaire.

Le 30 avril 1998, il accompagne le général LETESTU, porteur de la main du capitaine DANJOU sur la voie sacrée à Aubagne.

Quel exemple pour les jeunes légionnaires !

Pour nous tous, quel exemple de modestie, de camaraderie et de chaleur humaine !

Ses fils se souviennent de cette soirée avec Robert BETHERY, où Ernest et lui entonnaient les chants Légion. Au dernier couplet de « La Colonne », chant du 1er REC, il s’est penché vers ses fils et leur a dit : « Ecoutez bien la phrase qui suit » puis après une respiration, ils se sont lancés : « Il a servi honnête et fidèle ».

Il voulait souligner les valeurs qui comptaient pour lui car elles sont celles d’un homme.

Il a appris à ses enfants l’Honneur et la Fidélité, il nous laisse ses valeurs d’Humanité, de Fierté et d’Humilité qui sans conteste, ont caractérisé toute sa vie.

Mon Adjudant-Chef, cher Ernest, que tous tes compagnons tombés en Indochine et en Algérie, mais aussi Saint-Michel et Saint-Antoine t’accueillent dans la paix et dans la lumière."

Général (2s) Rémy Gausserès, président FSALE