Éloge du colonel DEGUEHEGNY

Prononcé le mercredi 12 août 2020 en la Basilique de la Victoire à Saint-Raphaël

par le Lieutenant-colonel (H) Claude RIZZOTTO (président des LHDPLV)

Mon Colonel,

Mon Grand Ancien,

Mon Ami,

Il me revient l'honneur d'être l'interprète de tous ceux qui vous entourent aujourd’hui et de tous ceux qui vous ont connus et estimé, pour vous exprimer notre fierté d’avoir croisé votre route et vous témoigner de toute notre affection. Vous avez eu une carrière particulièrement bien remplie qu’il est difficile de résumer en quelques phrases.

Vous êtes né à Arras le 04 octobre 1923.

Vous venez de fêter vos 19 ans. La France est occupée par l’ennemi. Le 30 octobre 1942 vous signez un engagement de trois années au titre du 7° régiment de Chasseurs à cheval de Nîmes mais la situation est telle que l’on vous met en congé d’armistice un mois plus tard.

Vous vous repliez à Lagalay dans le Morbihan et très vite vous rejoignez la Résistance, recruté par le BCRA de Londres (services spéciaux). Vous êtes nommé ‘agent P2’ par décret signé du Gal de Gaulle pour servir au groupe PROUST.

En juillet 1944 vous êtes détaché avec un commando sur le front de Normandie et mis à la disposition du 12° Groupe d’Armée US pour des missions spéciales de renseignements.

Le 31 août 1944, vous êtes arrêté pendant quelques heures par les Allemands. Libéré vous continuez votre travail. Votre sang froid et votre esprit d’initiative sont récompensés par une citation à l’ordre de la brigade, signée par le général Juin.

Au cours d’une de ces missions vous êtes blessé par balle au bras gauche.

Vous êtes successivement nommé aspirant de réserve, sergent-chef d’active puis aspirant d’active, après une formation à l’EMIA de 1946 à 1947, « promotion Indochine ».

Pendant plus d’une année vous servez au 41° Régiment d’Infanterie avant de rejoindre l’Indochine pour être affecté à la 13° demi-brigade de la Légion Étrangère, cette Légion où vous servirez durant dix huit années sans interruption dans différentes unités et différents emplois.

En Indochine vos qualités de soldat et de chef sont reconnues : bravoure, dynamisme, ardeur et mépris du danger, entraineur d’hommes. Vous êtes un jeune chef de section et vos Légionnaires vous suivent car ils ont une confiance absolue en vous. Vos résultats au combat sont particulièrement significatifs. Vous êtes cité deux fois.

Le 7 juillet 1951 au cours d’une opération au Sud Viet Nam, en vous élançant à l’attaque d’un fort camp rebelle, vous êtes blessé aux jambes. Une citation à l’ordre de l’Armée et la Légion d’Honneur vous sont décernées.

Le 13 avril 1952, en fin de deuxième séjour, vous quittez l’Extrême-Orient avec une nouvelle citation en tant que lieutenant commandant une compagnie.

Vous vous mariez le 16 juin 1952 avec Mlle Paulette Testière après en avoir obtenu l’autorisation du Gal Salan. De cette union naîtront trois enfants et cinq petits-enfants.

Après avoir suivi le stage des capitaines à St Maixent de février à mai 1955, vous êtes affecté en Algérie au 5° REI puis au 1° REI où, à la tête de différentes unités, vous vous distinguez à plusieurs reprises. Vos chefs reconnaissent en vous un commandant de compagnie ardent et courageux, d’un allant et d’un sang froid remarquables. Ces qualités reconnues et vos excellents résultats sur le terrain sont sanctionnés. Quatre citations viendront orner la croix de la Valeur Militaire.

Après toutes ces années de baroud, vous êtes successivement affecté :

·       à Aubagne de 1963 à 1967 comme directeur des personnels de la Légion Étrangère,

·       à Berlin de 1967 à 1970 à l’État Major du secteur français

 ·       à Caen de 1970 à 1972 à l’État Major de la 32° division militaire

·       vous serez aussi en 1971 auditeur au 26° cycle régional de l’institut des hautes études de la défense nationale (I.H.E.D.N.)

De 1972 à 1975 vous commandez, à Fréjus, le C.I.I.T.M. et les coloniaux vous apprécient à leur tour.

En quittant ce commandement vous décidez de prendre votre retraite et vous entreprenez, selon vos souhaits, une carrière dans le secteur privé. Vous rejoignez le Staff de direction de Technip, société d’engineering et de pétrochimie. Vous en serez le directeur administratif et le directeur adjoint de l’établissement de Lyon pendant huit années.

Enfin vous décidez de prendre une vraie retraite mais comme « servir » était presque votre devise, vous vous impliquez avec votre habituel dynamisme au sein de divers associations, en particulier l’association syndicale libre de Clair-Bois à St Raphaël et l’association de Valescure dans les fonctions de directeur.

Vous intégrez aussi en 1975 l’association des Membres de la Légion d Honneur décorés au Péril de leur Vie (D.P.L.V.).

Enfin suprême honneur en juillet 2000 vous êtes élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur.

Mon colonel vous totalisez 33 années de service sous les drapeaux dont plus de 17 années de campagnes et vous avez pris part à 3 conflits (39/45, Indochine, Algérie).

Vous avez été : Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel en 1952, Officier en 1963, Commandeur en 1971 et vous êtes Grand Officier depuis juillet 2000.

Vous êtes aussi titulaire :

·       de la croix de guerre 39/45 avec 1 citation à l’ordre de la brigade

·       de la croix de guerre des TOE avec 4 citations (1 Div, 2 CA, 1 Armée)

·       de la croix de la Valeur Militaire avec 4 citations (2 Div, 2 CA)

·       de la Médaille du Combattant Volontaire

·       de la Médaille commémorative 39/45 avec agrafe « E.V. Libération »

·       de la Médaille commémorative Indochine

·       de la Médaille Coloniale avec agrafe « E.O. »

·       de la Médaille commémorative AFN avec agrafe « Algérie »

Mon Colonel vous étiez un homme discret sur votre passé militaire, très humain, soucieux de vos hommes qui vous aimaient, fidèle en amitié. Votre contact était toujours chaleureux et votre accueil souriant nous mettait à l’aise.

Les Anciens Combattants perdent un Officier grande de valeur, estimé de tous, bien au-delà de la Légion Étrangère. Vous étiez et vous resterez un exemple pour les jeunes.

Mon Colonel, mon Grand Ancien, mon Ami, reposez dans la paix du Seigneur et soyez certain que vous resterez présent dans nos cœurs et dans nos mémoires.