Dans l'euphorie de la victoire, les associations d'anciens combattants et en particuliers d'anciens légionnaires ou d'étrangers engagés volontaires pour la durée de la guerre fleurissent.

L'U.S.A.L. qui a été mise en sommeil pendant la guerre tarde un peu à reprendre sa place.

En 1946, Maurer, replié à Monaco, désigne son adjoint, Charles Schmid (de la Mutuelle) comme vice-président pour la zone Nord et le général Azan (de Marseille) pour la zone Sud et les charge de recenser les sociétés rescapées. Le bilan est alors, à cette date:- 10 sociétés disparues (St-Dié, Lausanne, Bienne, la Fédération du Maroc,La Chaux de Fonds, Hanoï, Oujda, Le Havre, Lodz et Longwy); au total 28- 3 sociétés réapparues (Nancy, Tlemcen et Prague); . sociétés- 2 nouvelles créations (St-Brieuc et Montbéliard).

D'autres associations cherchent à regrouper, en dehors de l'U.S.A.L. tous les anciens légionnaires: C'est le cas de l'Association des anciens de la Légion étrangère, créée à Paris par Delvigne (elle changera son appellation en Association générale des anciens de la Légion étrangère: A.G.A.L.E.).

D'autres associations, comme l'Association des anciens combattants engagés volontaires étrangers dans l'armée française, créée par Albert de Ségura et Nazare Aga Kharaman Khan au lendemain de la 1e Guerre mondiale ne veulent pas accepter les anciens légionnaires du régime normal.

Maurer convoque les 28 sociétés en Assemblée générale extraordinaire le 30/8/1947 pour demander que l’U.S.A.L. soit reconnue d’utilité publique. Refus du ministre de tutelle: le fonds de réserve est insuffisant. L'année suivante il démissionne (il est alors nommé «président d'honneur» à vie), et est remplacé à la présidence de l'USAL par son adjoint, Charles Schmid. Le fonds de dotation est porté à 30 000 F, les cotisations sont fixées et les délégations régionales réorganisées.

Les E.V.D.G.(5) ne sont toujours pas admis dans les amicales de l’USAL et à ce sujet, un grave différend éclate entre le président Schmid (qui fait partie de la Mutuelle), soutenu par le général Azan, et le colonel Gaultier, commandant le Dépôt Commun des Régiments étrangers (DCRE) de Sidi-Bel-Abbès. Ce dernier soutient l'A.G.A.L.E.(qui ne fait aucune exclusive quant à l'origine du recrutement des légionnaires) au détriment de la Mutuelle. Devant cette situation, Schmid se retirera de l'U.S.A.L en 1950.

En 1945, le général Azan fonde un Bulletin de liaison - Le Trait d’Union- pour les sociétés d’anciens légionnaires. Il disparaîtra quand le colonel Gaultier fondera Képi-blanc, le 30 avril 1947. Il y réserve une rubrique aux sociétés d’anciens légionnaires.

En 1946, Nazare-Aga, président de l'Association des anciens combattants engagés volontaires étrangers dans l'Armée française, fonde la Maison des Invalides de la Légion étrangère (MILE) de La Balme-les-Grottes, près de Lyon. Dirigée par le lt-col Borgat, elle est suivie de près et aidée par le service social de la Légion. Nous verrons les détails de cette création dans la 3e partie du présent ouvrage.

En 1949, il fonde une fédération, totalement indépendante de l'U.S.A.L., qui veut réunir tous les anciens légionnaires, tous les anciens combattants volontaires étrangers de l'armée française et aussi les étrangers appelés sous les drapeaux (6). Celle-ci est sise au 3 rue Pierre-1er de Serbie (16e) et devrait regrouper 25 associations :


- L'Association des anciens combattants engagés volontaires étrangers dans l'Armée Française, dont il est président;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires luxembourgeois;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires suédois;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires norvégiens;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires danois;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires tchécoslovaques;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires arméniens;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires garibaldiens;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires héllènes;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires anglais;
- L'Association des anciens combattants engagés volontaires polonais;
- L'Association «Trench and Air» ( engagés volontaires américains, président col Rockwell);
- Trois associations juives;
- L'Association des anciens de la Légion étrangère;
- L'Association des anciens combattants de l'Armée française à titre étranger (président de Nork);
- L'Association des amis de la Légion étrangère;
- L'Amicale des réservistes de l'Armée française;
- L'Amicale des anciens combattants du 11e REI;
- L'Amicale des anciens combattants du 12e REI;
- L'Amicale des anciens combattants du 22e RMVE;
- L'Amicale des anciens combattants du 23e RMVE;
- L'Association des volontaires italiens dans l'Armée française.

Les amicales de légionnaires d'avant la guerre et celles d'anciens E.V.D.G. ne veulent toujours pas faire cause commune. C'est ainsi que deux fédérations distinctes coexistent, l'«Union» de Maurer et Schmid et la «Fédération» de Nazare-Aga, regroupant les anciens combattants volontaires étrangers.


Le président Schmid ayant demandé son remplacement, le général Azan propose au général Flipo de prendre les fonctions de président de l'U.S.A.L..
Ancien du R.E.C., Flipo, vient de passer général en quittant le service actif. Il avait appartenu aux F.F.L.. Il accepte et se trouve confirmé comme président par l'assemblée générale en 1950.

En 1951, dans la dénomination de l’U.S.A.L., le mot «Colonies» est remplacé par «Union française». Des délégués régionaux sont désignés: pour Metz, Marseille, Bordeaux, l'Algérie, le Maroc, la Belgique et la Suisse. Le siège de l'Union est transféré au 44 rue de Rennes, dans les locaux de l'immeuble attribués à l'amicale parisienne «La Légion».

Après la mort du général Azan, certaines sociétés affiliées acceptent les EVDG, ce que refuse la Fédération du Maroc, qui quitte alors l’U.S.A.L., entraînant à sa suite la plupart des sociétés du Maroc.

Ce n'est qu'en 1953, après de longues négociations, que prend fin le conflit des EVDG qui sont désormais admis à l’USAL sans discrimination. Les dissidents du Maroc regagnent l’U.S.A.L. Le colonel Gaultier a tente, en 1954, de faire adhérer à l’USAL l'association de Nazare Aga mais celui-ci refuse; il accepte toutefois d’être nommé personnellement président d’honneur de l’USAL.


A Sidi-Bel-Abbès, l’ancien maire, M. Bellat, a fait don à l’amicale de cette ville d’un terrain sur lequel le président Joly entreprend la construction d’une nouvelle «Maison des Anciens Légionnaires». Des difficultés surgissent pour régulariser cette donation; nous reviendrons sur ce sujet.

En 1955 le président de l'amicale de Strasbourg, Bothéron commence la construction du Centre d’accueil de Strasbourg et Peretz lance le comité pour la Maison des anciens légionnaires de Paris (7).

L’U.S.A.L change de nom le 30 juin 1956 pour devenir Fédération des Sociétés d’Anciens Légionnaires, France, Union française et étranger le 30/6/56 (FSAL), voulant marquer ainsi sa représentativité universelle et sa prééminence sur tous les autres regroupements locaux. Son bureau s'installe au 6 rue Magellan, dans le 8e.
L'indépendance du Maroc entraîne la disparition progressive des amicales de ce pays, à l'exception notable de la Maison de Casablanca, qui devient «Maison des Anciens», n'étant plus réservée aux seuls légionnaires.

Le 2 janvier 1957 la fédération est reconnue d’utilité publique (J.O. du 10/1/57). Cette reconnaissance habilite son président à effectuer des opérations financières. C’est ainsi que le général Flipo se rend en Algérie à Sidi-Bel-Abbès pour accepter le don du terrain Bellat, ce qui avait été refusé à la société locale8. Il assiste en avril à l’inauguration de la Maison de retraite de Sidi-Bel-Abbès (dont la construction n'est pas encore achevée).

Il est aussi autorisé a contracter au nom de la F.S.A.L. un emprunt de 20 millions auprès de l’O.N.A.C. pour terminer cette maison. Enfin, différentes manifestations sont organisées à Sidi-Bel-Abbès comme à Paris pour recueillir des fonds pour cette maison.

Le général Flipo entre aussi au conseil d’administration de l’établissement d'Auriol et en devient le président. Le service social de Bel-Abbès accorde un prêt de 500 000 francs pour parer au plus pressé et la M.I.L.E (de La Balme-les-Grottes) aide la maison d’Auriol à retrouver son équilibre.

Deux quêtes nationales sont lancées par l'AGALE et la fédération pour financer le projet de création de la Maison des anciens légionnaires de Paris. Un gala cinématographique a lieu lors de la promotion du film Marche ou Crève en 1962.

Sous l'impulsion de Jules Peretz la fédération achète un immeuble à Paris pour en faire la Maison des anciens légionnaires et contracte un emprunt de 10 millions pour l’aménager. Cette maison est officiellement inaugurée le 25 mai 1960 par le ministre des Anciens combattants M. Triboulet, mais les travaux d'aménagement ne seront achevés qu'en 1962.

La fédération accorde un soutien financier à la Maison de Casablanca en difficulté. En 1960, elle fait entrer les directeurs des maisons d’Auriol, Strasbourg, La Balme, Casablanca et Paris au conseil d'administration de la fédération. Le général Flipo est autorisé à acheter le Château de La Balme avec les fonds fournis par la M.I.L.E., frais de mutation allégés. La FSALE en devient le propriétaire officiel. (9)

En 1960 la Fédération des sociétés d'anciens légionnaires change de dénomination pour devenir F.S.A.L.E. (Fédération des sociétés d’anciens de la Légion étrangère). Elle désigne aussi 7 délégués régionaux pour représenter le président fédéral.