Aquarelle de Louis Perez Y Cid pour le conte de Noël 2017

 

"Il s’était perdu, comme le font un si grand nombre d’entre nous, puis, il avait réussi à se redonner naissance à lui même, retrouvant son propre chemin. Il faut savoir dire non, pensait-il, à certaines choses. Il nous faut trouver le courage de dire “non!” aux choses qui ne nous correspondent pas, si nous voulons nous redécouvrir nous mêmes, et vivre notre vie d’une manière authentique.”

Dire “non” peut impliquer de couper certains liens que vous avez depuis longtemps avec des gens, des lieux, des choses et des idées.

Ainsi donc se présentaient les questions-réponses que Jérome perdu dans une errance désespérée remuait, pêle-mêle, dans sa tête. Il regarda stupéfait une grande affiche présentant le portrait d’un légionnaire sur laquelle était écrit:

 

“Hier, c’est déjà de l’histoire,

Demain, c’est le mystère,

Aujourd’hui est un cadeau.

C’est pour cette raison qu’on l’appelle le présent.

Vient vivre ce présent à la Légion étrangère.”

 

Jérôme ragarda stupéfait cette grande affiche, il avait trouvé de quoi combler son désoeuvrement et décida de suivre les conseils qu’elle indiquait. Il entrevoyait déjà les aventures qu’il pouvait vivre dans ce présent qui lui semblait offert.

Ainsi donc, le temps passa, beaucoup d’eau coula sous le grand pont, trait d’union de sa ville natale coupé en deux par une rivière turbulante qui agrémentait et donnait vie à cette petite cité provencale accueillante. Aujourd’hui, il se retrouvait quelques années plus tard en tenue de légionnaire, l’affiche était toujours là…

Que de chemin parcourus pensait-il, que de choses sont venus remplir mon quotidien, au fond de lui-même, jérôme était persuadé avoir fait le bon choix.

Il avait rendez-vous avec un ancien légionnaire, un de ses ainés qui lui expliquait avoir vécu une expérience avec la légion qui laissait des souvenirs simples, enfouis au fond de sa mémoire, indestructibles. Entre autres récits, il lui avait conté qu’il lui restait un immense amour de la vie et la fierté de n’avoir pas plié dans les épreuves, il avait le sentiment de ne pas avoir lâché ses camarades et d’avoir comptez avec eux.

L’ancien était déja là au rendez-vous.

Ils se comprenaient parfaitement bien et passèrent ensemble un très agréable moment pensant en accord que l’instant présent était encore, aujourd’hui pour eux un cadeau et marquèrent leur joie en offrant à une population médusée toute l’étendue du carnet de chants légionnaires…

Au lendemain, Jérôme chercha à revoir son Ancien et se retrouva devant le “mobil home” qui lui servait de refuge. Celui-ci était vide, son nouvel ami avait quitté les lieux, une lettre était placée sur la table du salon, elle était destinée à Jérôme et disait:

“Mon jeune camarade, j’ai assez perdu de temps, un Noël vient encore de passer, il m’apporte aujourd’hui le plus beau des cadeaux, celui de savoir que je reste au fond de moi-même, légionnaire.

Je pars pour reprendre du service au sein de notre Institution de la Légion Etrangère à Puyloubier, la Légion est une grande famille, je rentre chez moi. A Dieu.”

Chaque homme a besoin d’être lié à un autre homme, il a besoin de substituts pour les frères et le père qu’il n’a peut-être jamais connus. Jérôme comprit ce que voulait dire W.Beran Wolfe: “Si vous observez un homme réellement heureux, vous le trouverez en train de construire un bateau, d’écrire une symphonie, d’éduquer son enfant, de faire pousser des dahlias doubles dans son jardin ou d’observer des oeufs de dinosaure dans le désert de Gobi. Il ne cherchera pas le bonheur comme on cherche un bouton de col qui a roulé sous le radiateur. Il n’en fera pas un but en lui-même. Il aura pris conscience d’être heureux au fil de sa vie débordée, vingt-quatre heures à la fois”.

Il venait de passer un très joyeux Noël et dit qu’aujourd’hui était encore un merveilleux cadeau”.

CM