En hommage à nos blessés

 

 « Je reviens à moi au poste de secours. Il y a des chirurgiens et des infirmiers, ça gesticule dans tous les sens. Il y a des blessés qui arrivent, ça tourne et ça n’arrête pas, et ça tombe et dehors ça pilonne. Dans la nuit une ambulance m’emporte avec deux autres blessés. On roule toute la nuit, les routes sont épouvantables, ça secoue. On finit par nous lâcher dans un hôpital militaire complémentaire bondé. Les blessés gisent au sol, dans tous les coins libres. J’en vois dans les couloirs, les salles d’attente, les lingeries. J’attends encore toute la journée, personne ne vient. Je pourrais mourir sans qu’on s’en aperçoive. »

Ce témoignage de poilu pourrait être celui d’un légionnaire. En effet, en quelques jours, à Auberive et à Cumières, le RMLE a compté 878 blessés graves. Le  nombre de blessés sur l’ensemble du front est inimaginable ! 4 000 000 de blessés hospitalisés. Les blessés légers, après des soins au poste de secours remontent en ligne.

Depuis les trous d’obus, les creux des chemins, les fossés montent la plainte des blessés que l’on ne peut évacuer que la nuit. Alors commence pour eux le long chemin vers un hôpital. Les hommes tombent par centaines, par milliers. La nuit venue, les brancardiers et les soldats les moins gravement blessés, portent leurs camarades sur le dos, trébuchent, s’enfoncent dans la boue pour atteindre les postes de secours des premières lignes.

 

 

les hôpitaux militaires:

 

On y dispense les premiers soins rudimentaires. Les jeunes médecins et les infirmiers font leur possible. Les brancardiers, souvent des religieux, administrent les derniers sacrements à ceux qui n’iront pas plus loin.

Il faut attendre encore la nuit pour atteindre un poste de secours régimentaire ou divisionnaire. Là, les blessés reçoivent d’autres soins urgents, puis sont transportés sur des brouettes-brancards vers les ambulances qui s’approchent le plus près possible.

Les blessés sont conduits aussitôt vers les hôpitaux, où ils sont opérés avant d’être évacués vers l’arrière par trains sanitaires, où vers les « autochirs », formations hospitalières de l’avant. Ces missions sont accomplies par les ambulances sanitaires de l’Armée, mais aussi les ambulances russes, et les ambulances américaines.

Le va-et-vient des véhicules sanitaires est incessant, d’un poste de secours vers un poste de triage, puis vers un hôpital de l’arrière.

Les blessés les plus graves quittent alors le front.

 

Face aux dramatiques insuffisances des hôpitaux, des hôpitaux complémentaires ont vu le jour. La Croix rouge française regroupe alors 3 sociétés à compétence soignante. La Société de secours aux blessés militaires (SSBM), l’Association des Dames françaises (ADF), et l’Union des Dames de France(UDF).

 

 

LES INFIRMIERES :

Gouache de Ferdinand Fardeot, infirmière préposée aux blessés.

 

Depuis 1916, la Société de secours aux blessés militaires, à elle seule, compte  770 hôpitaux auxiliaires pour 70 000 lits. Tout un monde de médecins, de chirurgiens, d’aumôniers, d’administrateurs en assurent le bon fonctionnement. Pour les soins, ils disposent de 12 000 infirmières diplômées et de 10 000 infirmières auxiliaires.

Pour les hôpitaux complémentaires, toutes sortes de locaux sont utilisés : écoles et lycées, couvent, châteaux, hôtels et casinos. Ainsi à Paris, pour compléter les hôpitaux militaires du Val-de-Grâce, toutes les initiatives sont bonnes : l’hôpital américain de Neuilly, le lycée JANSON-de-SAILLY, par exemple. Plus de 300 immeubles arborent le drapeau de la Croix-Rouge.

 

ARRIVEE DES TRAINS SANITAIRES :

Evacuation de blessés par trains sanitaires

 

« Toutes les femmes mues par un bel élan de patriotisme voulaient être infirmières, bien que la plupart d’entre elles fussent incapables de supporter la vue du sang. Elles ne se rendaient pas compte du rôle de l’infirmière…Il fallut donner des cours, passer des examens. »

« Rien ne peut dire l’horreur de ces gémissements sortant de ce trou noir, car ils étaient tous dans l’obscurité. Il faisait une chaleur accablante, les portes de tous les fourgons étaient ouvertes. Quand on s’approchait, une odeur âcre de sang, de transpiration et de fièvre nous prenaient à la gorge. Nous nous hissions comme nous pouvions, enjambant les corps de ces premières victimes. Après le passage du médecin, nous faisions des piqures à la lueur d’une lampe, pour ceux qui en avaient le plus besoin. » « Souvenir d’une infirmière », de Julie Crémieux.

 

Major (er) Hubert Midy, chargé de la mémoire/FSALE

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